Analyse
25. Vue prise de Clermont
Cette large composition se développe pratiquement uniquement sur deux plans, le premier étant extrêmement réduit, seulement les toits de quelques maisons dont la légende nous apprend qu’elles se situent à Clermont. Ici Delécluze a voulu rendre les effets lumineux dus à l’orage venant des monts Dore, provoquant un fort contraste entre le sommet de la Montagne de Champeaux presque blanc et Gravenoire « ombragé par les nuées et d’ailleurs brun par lui-même ». Ce type de représentation, utilisé par les artistes hollandais et français dès le XVIIe siècle, introduit une certaine variété dans les séries de paysages.
Là encore Delécluze a mis en valeur l’étagement caractéristique de la bordure de la Limagne. Celui-ci est marqué par les collines abondamment cultivées juste en arrière des maisons de Clermont-Ferrand situées au premier plan. Ces collines sont constituées de marnes et de calcaires tendres, ce qui explique leurs formes adoucies. Les reliefs plus vigoureux qui les dominent sont les restes des cheminées pépéritiques, volcanisme très explosif qui s’est produit entre 20 et 16 millions d’années pour les puys de Montrognon et de Montaudoux et, à l’arrière, du cône très accidenté de Grave Noire (Gravenère) âgé seulement de 60 000 ans. Ce dernier a donné une coulée très chaotique qui rejoint à droite la vallée de Royat. Deux petites croupes surbaissées entre Montrognon et Montaudoux correspondent à la Boucherade, ancienne coulée basaltique datée à 3 millions d’années, site actuellement occupé par le terrain de camping de Ceyrat.
À l’arrière le relief linéaire et abrupt est le revers de la Grande Faille de Limagne. Il est dominé par le petit relief granitique de Champeaux et l’ancien volcan du puy de Charade qui date d’environ 4 millions d’années.