Analyse
137. Cantal

Le dessin montre la cascade de Salins et concerne le ruisseau de l’Auze. Le ruisseau coule d’est en ouest en descendant la planèze de Salers depuis le Puy de l’Agneau. Au gré de son parcours, le ruisseau a érodé successivement les coulées récentes de la planèze, les brèches d’écroulement, puis les coulées anciennes du massif du Cantal. Ainsi, ce serait la toute première coulée mise en place dans cette zone qui est franchie en cascade. Elle est issue du volcan basaltique de Junsac situé environ 1 km au SO. Rapportée au Miocène moyen entre 15 et 11 millions d’années (Ma), une datation K/Ar discutée lui attribue 8,52 ± 0,42 Ma (Brousse et al., 1989). Elle repose directement sur des sédiments marno-calcaires et gypseux de l’Oligocène inférieur (33,9-27,82 Ma).

La falaise offre une coupe de la coulée sur environ 35 m de haut. Delécluze en a différencié les différents niveaux qui la composent sur la vingtaine de mètres supérieure.

  • Au sommet, la fausse colonnade, qu’il traite comme un niveau homogène bien visible sur la falaise de droite.
  • Dessous, l’essentiel de la coupe est également traité par des couleurs homogènes mais plus ou moins claires, sauf dans la falaise de droite où l’artiste a représenté un débit vertical grossier. Ce niveau représente l’entablement de faux prismes. C’est l’orientation variée des gerbes de prismes qui a été traduite par des teintes différentes.
  • A la base, la colonnade composée de prismes régulièrement disposée est bien dessinée à gauche. Cette partie de la coulée est très sensible à l’altération et à la chute des blocs. Cette évolution forme souvent des abris sous roche comme celui présent derrière la cascade. Dans le cas présent, la coulée ayant vraisemblablement rempli une ancienne vallée, une source (dite "des druides") se manifeste dans la partie basse de l’entablement. Elle est probablement alimentée par des infiltrations issues des zones humldes de la prairie située juste au-dessus. Cette émergence a sans doute contribué à la genèse de la cavité qui permet le passage derrière la cascade.

Aujourd'hui tout le vallon est occupé par la végétation et la vue bien dégagée illustrée par Delécluze n’existe plus. La route Mauriac-Salers passe sur un pont juste au-dessus de la cascade. L’artiste a choisi un point de vue qui nous le cache. Par contre le viaduc de l’ancienne ligne de chemin de fer avec ses nombreuses arches qui longe la route, redouble aujourd’hui la ligne horizontale du bord de la coulée.

Sommet de la cascade de Salins

Base de la cascade

Extrait de la carte géologique 0763 Mauriac (Brousse et al., 1989)

Géologie

Ce dessin montre que les terres situées à proximité du pied de la cascade étaient jadis utilisées pour le pâturage (premier plan) et peut-être le labour (deuxième plan). Le paysage qui entourait la cascade au temps de Délécluze n’est plus visible aujourd’hui. De nombreux frênes ont fermé le paysage suite à l’abandon des terres de culture et pâturage.

- Brousse, R., Le Garrec, M.J., Varet, J., Thonon, P., Lambert, A., Bardintzeff, J.-M., Daviaud-Girard, D., Auge, T., Rancon, J.P., Silvain, C., Traineau, H., Marabal, A.M., Boursier, H., Pichon, R., Macherey, C., Tempier, P. and Veyret-Mekdjian, Y., 1989. Carte géologique de la France (1.50000), feuille MAURIAC (763). BRGM, Orléans.