Analyse
103. Route près de St Flour

Cette singularité relevée par Delécluze s’expliquerait par la conjonction de conditions géologiques et géomorphologiques complexes.

Les terrains qui sont mis en cause sont des roches excessivement hétérogènes, composées de niveaux clairs à quartz et feldspaths et de niveaux foncés à amphibole âgés d’environ 480 millions d’années (Ma). L’ensemble, placé à plusieurs kilomètres de profondeur dans les racines de la chaîne varisque, a subi un début de fusion qui a provoqué des étirements et la rupture (boudinage) de ces niveaux il y a environ 350 Ma. Les magmas formés se sont infiltrés dans tous les sens en filons de microgranites et de quartz pegmatitique. À la fin du paléozoïque, tout a été ramené en surface par des mouvements tectoniques très intenses qui ont engendré des failles de grande ampleur et de multiples cassures.

Depuis le quaternaire, ces roches sont soumises à l’altération et à l’érosion. Les roches étant hétérogènes, l’altération a des effets contrastés à petite échelle. L’ensemble devient fragile et des blocs pluri-métriques se détachent facilement. C’est ce qui semble s’être produit ici. Des blocs sont tombés dans un talweg très étroit et profond et sont restés coincés en hauteur tandis que l’érosion poursuivait son œuvre. Les vides laissés entre eux sont placés par hasard de telle sorte qu’ils évoquent pour certains une tête de mort ou un masque fantastique. Un artiste ne pouvait manquer d’être inspiré par cette curiosité.

Détail montrant l’extrême hétérogénéité de la roche.  © Pierre. Boivin

 

Comme lui on peut encore admirer le beau mur qui soutient toujours la route.

En s'approchant davantage, on le voit, mais on repère aussi deux types de parements : un en premier plan, très régulier, similaire à ce que l'on voit en bordure de voies ferrées de la 2e moitié du XIXe, et un autre, au second plan, en gros bloc irréguliers, comme on peut en voir ponctuellement, depuis le train, à l'est de Murat, soutenant la nationale RN122, et qui pourrait correspondre aux travaux plus anciens qu'il évoque.

 

© Vincent Flauraud

Pour finir, ce qu'il ne montre pas : la vue opposée, mais qui ne pouvait avoir cet aspect à l'époque, en l'absence de barrage.

© Vincent Flauraud

- BURG J.-P. & GOËR DE HERVE A. D. (1991). Carte géologique de la France (1.50000), feuille Chaudes-Aigues (0813). Notice explicative par Goër de Herve A. de, Burg J.P. et collab., 1991, 130 p. Orléans, BRGM.