Analyse
71. Village de St Savinien. Vue générale des Monts d'or
Cette vue doit être prise depuis le rebord du plateau de Saille. Ce paysage est complexe car chaque relief cerné de gorges est une entité géologique originale. Ainsi sous les pieds de l’artiste se trouve une avalanche de débris âgée issue du volcan du Mont-Dore et âgée d’environ 2,6 Ma dont pourraient témoigner les blocs du premier plan. En contrebas, puis sous la basilique de St Nectaire ainsi que le plateau en arrière, affleure le granite. Au plan suivant, de gauche à droite se trouve, à contre-jour, le plateau du puy de Bessole composé de multiples coulées empilées. Au centre, trône le château de Murol installé sur un petit piédestal de basalte au sommet d’une colline de grès vieille d’environ 30 Ma. Juste à sa gauche et au même niveau, une petite colline possède un sommet échancré. C’est le volcan strombolien du Tartaret qui domine le village de Murol. Ce volcan est le plus jeune de la zone avec peut-être 15 000 ans. A l’horizon, de la droite vers la gauche s’observe le Puy de l’Angle appartenant au massif du Mont-Dore, l’échancrure du col de la Croix St Robert, puis le massif du Sancy, empilement complexe de cendres, de ponces et de laves dont les âges s’échelonnent entre 1 Ma et 230 000 ans.
Dans son carnet Delécluze signale « un établissement d’Eaux Thermales qui passent parmi les habitants pour être aussi bonnes que celles de la Vallée des Bains », c'est-à-dire du Mont Dore qu'il a également visité. De fait, à la fin du XVIIIe siècle, une enquête effectuée par la « Commission royale de médecine pour l’examen des remèdes particuliers et la distribution des eaux minérales » signale l’exploitation de la source du « Gros Bouillon » à Saint-Nectaire, bien qu’il n’y ait pas encore de bains à proprement parler. L’enquête précise toutefois que « les eaux de Saint-Nectaire sont très en usage dans la Haute-Auvergne, comme du côté d’Aurillac et de Mauriac, Bord et autres endroits circonvoisins. Les guérisons qu’elles ont opéré leur ont acquis une réputation fort ancienne et qu’elles méritent à juste titre » (Morillon, 1996, p. 175-176).
C'est sous l’impulsion du préfet Ramond de Carbonnières qu'un premier établissement thermal sera construit vers 1810 à Saint-Nectaire-le-Bas par un maçon, Jacques Mandon, et le docteur Marcon, qui en assure l’inspectorat médical de 1812 à 1831. En 1810, Jacques Mandon dégage une nouvelle source et crée une ébauche d’installation thermale non loin du site du Gros Bouillon. En 1817, les installations de Saint-Nectaire-le-Bas restent encore très rudimentaires à en croire un rapport adressé au préfet : « Les bâtiments où sont logés les baigneurs sont mal tenus. Les malades y manquent des choses les plus nécessaires et couchent dans de mauvais lits ou sur de la paille. Les logements en un mot sont aussi sales que l’établissement thermal » (Manry, 1988, p.170-171 ; Morillon, 1996, p. 178)
Un dénommé Boëtte découvre alors deux autres sources importantes et construit l’établissement des Thermes en 1824. A Saint-Nectaire-le-Haut, en 1827, une autre personne, dénommée Serre, dégage une importante source chaude pourvue de propriétés médicales qui va attirer quelques malades qui logeront alors chez l’habitant. Deux ans plus tard, un petit établissement de onze cabines accueille les curistes et, vers 1840, l’hôtel le Cornadore propose ses services aux baigneurs. A la même période, Mandon fait de son installation de Saint-Nectaire-le-Bas un véritable établissement thermal et construit un hôtel, le futur hôtel des Bains romains (Manry, 1988, p. 170 à 172). Il semble toutefois que les ensembles thermaux de Saint-Nectaire-le-Haut comme de Saint-Nectaire-le-Bas restent assez rudimentaires, d'après le témoignage peu flatteur d'Henry Doniol,dans l'ouvrage d'Adolphe Michel sur l'Auvergne : « Saint-Nectaire est un fort vilain hameau, situé […] dans des ravins granitiques dont le triste aspect s’enlaidit encore par la masse de travestins stériles qu’y déposent de très-abondantes sources minérales. », « il existe au pied de la montagne de Cornadore d’anciens et grossiers travaux thermaux ». Cet auteur reconnaît toutefois que ces sources sont « d’un usage excellent »(Michel, 1845-47, p. 171-172). Il faudra attendre les années 1870 pour que Saint-Nectaire connaisse un réel développement thermal (aménagements hôteliers, animations, aménagements de jardins…) selon l'Inventaire du patrimoine thermal.