77. Près de Murol

Numéro carnet

31

Titre carnet

La Dent du Marais

Dessin

Photo

Crédits photo

Transcription

31-carnet.jpgN°31 La Dent du Marais
 

On désigne par ce nom ce morceau de Roche perpendiculairement saillante qui domine ces Escarpements de Roches-laves garnissant le fond du tableau. Sur le Devant est une prairie qui mène de Murol au lac Chambon. Le village est à droite ; le lac à la gauche. Sous les grands arbres qui sont entre la prairie et les Rochers coulent de gauche à droite les Eaux échappées du lac. Le volvan nommé le petit Tartares est à droite et hors du tableau. Tout ce pays porte les preuves de l’action la plus violente des feux souterrains. 

 

 

« Parfois, les indications fournies par l'artiste permettent non seulement de retrouver les points de vue exacts, mais aussi de reconstituer les trajets. C'est ce qu'illustrent les planches successives représentant la Dent du Marais ( n°31) et le lac Chambon ( n°32). […]

L'emplacement de Delécluze lors de la réalisation du dessin du lac Chambon ne pose pas beaucoup de difficulté et ne laisse pas de doute. L’adéquation entre la vue en 3D et son dessin est presque parfaite. Ce même emplacement semble également bien correspondre à celui choisi pour la représentation de la Dent du Marais, même si les conditions à respecter, suivant ses notes, sont très contraignantes : le lac Chambon est « à la gauche » ; « Le volcan nommé le petit Tartares est à droite et hors du tableau » ; « les eaux échappées du lac coulent de gauche à droite », la Couze Chambon décrite comme étant « entre la prairie et les rochers » au premier plan du dessin.

Reste à savoir quel chemin Delécluze a emprunté pour se rendre sur le site. Les notes du cahier permettent de savoir qu'il est parti de Murol en direction du Chambon. A l’époque, deux itinéraires se proposaient au voyageur pour effectuer ce trajet : le premier contournait par le Nord la colline du Tartaret et le lac Chambon, tandis que le second les contournait par le Sud. La position de Delécluze au moment où il a dessiné le lac Chambon, attesterait qu’il a opté a priori pour le chemin au Sud du lac. Cependant, la réalisation du dessin qui le précède dans l'album (la Dent du Marais, planche n°31) ainsi que les notes associées laissent envisager une deuxième hypothèse. En effet, Étienne-Jean Delécluze mentionne qu’il était dans une prairie quand il a dessiné la Dent du Marais (dessin n°31) et que l'image suivante, représentant le lac Chambon (n°32), s'inscrit dans « la continuation de la prairie représentée dans le numéro précédent ». De plus, il avait précédemment mentionné dans son carnet que c'est cette « prairie qui mène de Murol au lac Chambon », ce qui laisse penser qu’il l’a traversée. L’examen des cartes d’État-major et du cadastre napoléonien montre que la colline du Tartaret était à l’époque recouverte d'une très grande parcelle de prairie (probablement des terrains communaux ouverts / non clôturés) accessible par un chemin contournant, depuis Murol, la colline par le Nord. Cette prairie rejoint bel et bien le lac Chambon : il est raisonnable de penser qu’il serait passé par cette prairie et non par le chemin qui contourne le Tartaret par le Sud, ce qui permet de reconstituer son itinéraire probable » (Fournier et al, 2016).

Itinéraire probable et points de vue des planches 77 et 79
réalisation : Julien Chadeyron


La colline massive entaillée par la falaise est une cheminée de brèche volcanique d’âge Mont-Dore. La falaise est le résultat de l’effondrement d’une partie de la cheminée il y a environ 2700 ans et dont on voit les débris sous forme de petites buttes à droite, le long de la forêt. Cette avalanche a barré la vallée de la couze Chambon, donnant naissance au lac Chambon.


Type d'analyse

Le petit troupeau de bovins, certainement de race ferrandaise, la race du massif, gardé par un berger est tout à fait représentatif du système agropastoral paysan des Monts Dore au XIXème siècle. L’économie paysanne repose alors sur de petites exploitations (le plus souvent de 1 à 5 ha) qui n’ont accès qu’imparfaitement au domaine pastoral d’altitude par l’intermédiaire des sectionnaux et des communaux. Ces montagnes communes n’ont toutefois semble-t-il jamais débouché sur une organisation collective de la production fromagère. Produit de ces petits troupeaux de race ferrandaise, le Saint Nectaire fabriqué à la ferme ne doit rien dans le Massif des Monts Dore à la vie pastorale d’altitude.

Sur la vie rurale et l'élevage dans les Monts Dore voir aussi planches 85 et 87


Type d'analyse

- Macaire J. J., Corcirta C., Luca P., de, Gay I., Goër de Herve A., de, 1992. Origines, ages et évolution des systemes lacustres tardi- et postglaciaires dans le bassin du lac Chambon (Puy-de-Dôme, France). Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, Série 2, Mécanique, Physique, Chimie, Sciences de l'Univers, Sciences de la Terre, 315, 9, pp. 1119-1125
- Fournier Mauricette, Pierre Boivin, Vincent Flauraud, Stéphane Gomis, Isabelle Langlois, et al. 2016. « Cartographier, géoréférencer, indexer le "Voyage en Auvergne" d'Etienne-jean Delécluze : expériences pluridisciplinaires pour la création d'un musée virtuel à partir d'un album de dessins du XIXe siècle ». In Mauricette Fournier (dir), Cartographier les récits, Presses Universitaires Blaise Pascal, pp.133-157.

Coordonnées dessin vue

POINT (2.9305094 45.5698486)