Analyse
87. Volcan éteint devenu un lac. 280 pied d'eau. Lac Pavin
Les pâturages d’estive situés au premier plan illustrent l’activité pastorale des estives du massif des Monts Dore. Pour autant, ces troupeaux ne sont que très minoritairement des troupeaux villageois. En effet, dès la fin du Moyen-Age, l’absence d’une vie pastorale paysanne véritablement élaborée a facilité l’éviction des sociétés villageoises et l’implantation de grandes montagnes aristocratiques ou bourgeoises. Gens de robe et négociants de Riom ou de Montferrand trouvent dans l’exploitation des pâturages d’altitude une source importante de revenus. Tout au long de l’époque moderne l’activité pastorale est intense dans les monts Dore. Parcourant la région en 1789, le célèbre agronome anglais Arthur Young s’étonne même de l’importance des troupeaux estivés. La destination de ces grandes montagnes bourgeoises est double :
- Les « montagnes à lait » apparaissent comme le modèle le plus achevé, elles sont vouées à la production fromagère. Cette vocation fromagère nécessite l’emploi d’un personnel important et l’édification sur la montagne d’un buron de pierre destiné à abriter l’équipe du vacher et l’atelier fromager.
- Les « montagnes à graisse » sont jusqu’à la seconde moitié du XIXème siècle les plus répandues dans les Monts Dore. Elles reçoivent les animaux destinés à l’engraissement. Il suffit ici d’une seule personne pour surveiller et déplacer le troupeau afin d’assurer la fumure de la montagne. Ces montagnes à graisse sont localisées dans les Dore dans les herbages prétendus les plus pauvres et à des altitudes plus élevées, bien que ce ne soit pas là une règle générale. Cette spéculation révèle une exploitation plus extensive des montagnes rarement intégrées ici à des domaines agricoles. Les pâturages d’été sont simplement affermés par des maquignons, formant au printemps de gros troupeaux de mânes ( vaches taries le plus souvent ) afin de parfaire l’engraissement des animaux qui seront ensuite vendus pour la boucherie aux foires d’automne. L’opération du mannetier peut être rentable mais présente aussi de sérieux risques lors des années sèches ou des épizooties, ces accidents pouvant annuler tout le profit retiré par le bétail de l’estive. Il faudra attendre dans les Monts Dore la seconde moitié du XIXème siècle pour voir se généraliser, sur le modèle du Cantal voisin, une économie pastorale exclusivement fromagère, sous l’impulsion de grands propriétaires cantaliens, à un moment où la bourgeoisie de la Limagne se détourne de la mise en valeur des estives. Désormais, la vache salers, meilleure laitière, supplantera la race locale des Monts Dore, la ferrandaise, sur les estives du massif.
Sur la vie rurale et l'élevage dans les Monts Dore voir aussi planches 77 et 85
Le volcan ici illustré est un cratère de maar, résultat de l’interaction entre de l’eau et du magma, même si ici, au Pavin, l’éruption a eu un déroulement plus complexe avec l’émission de ponces. La forme « émoussée » du cratère qu’a remarquée Delécluze, n’est pas celle d’un « cratère détruit », au contraire c’est sa forme d’origine, intacte. Ce volcan est le plus jeune de France métropolitaine, avec moins de 7000 ans. Mais ce dessin ne représente pas la réalité visible depuis l’endroit mentionné par Delécluze pour son dessin. Le cratère a la forme d’un bol, un peu rehaussé du côté du cône du Montchal (à droite) qu’il recoupe et la surface du lac reste cachée par le rebord ouest, face au spectateur(figure 3D). Il faut donc se rendre à l’évidence, c’est Delécluze lui même qui a détruit le rebord du cratère pour ménager une vue sur le lac niché dans le cratère.
- 3D depuis l’épaulement glaciaire, rive gauche de la Couze.
Altitude 1290m. Distance 1,6 km en direction de l’ESE. RampantsHtdef recadré.jpg