Analyse
31. Intérieur de la chaîne des Monts Dome. – Habitation de Mr de Mont’lhozier

François-Dominique Reynaut de Montlosier (1755-1838) compte parmi les différents scientifiques, très au fait des découvertes et interprétations de l’époque en matière de géologie et de volcanisme qu'Étienne-Jean Delécluze a pu rencontrer pendant son séjour en Auvergne. Dans son album, deux planches (planches 12 et 13) représentent le château de ce découvreur des volcans. Située sur la  commune d’Aydat, sa propriété, remaniée au XIXe siècle, est actuellement le siège du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne. Étienne-Jean Delécluze la représente comme dressée au milieu  d’un désert, minuscule au regard des volcans qui l’entourent. À cette époque, Montlosier, imprégné des idées des physiocrates, s’était mis en tête de bonifier les espaces volcaniques largement incultes qu'il possédait près de Randanne. Il a ainsi démontré que les cheires pouvaient être boisées, ce qui l'a conduit, en 1819, à présenter une candidature au conseil d'agriculture, dont l'argumentaire (ci-dessous) éclaire sur les contraintes du système agraire des Dômes au début du XIXe siècle.

"Ce candidat joint aux avantages d'une considération personnelle, une honorable renommée. Il préside lui-même à ses exploitations, s'y dévoue par gôut, y porte un esprit exempt de préjugés et cherche à faire usage des méthodes les mieux acréditées dans les annales de l'agriculture. Propriétaire d'une terre sur laquelle aucun genre de culture n'a été encore essayé et qui est située dans le canton de Saint-Amant, arrondissement de Clermont, au milieu des montagnes, il peut tenter de grandes expériences et procéder au perfectionnement des diverses races de bétail, particulièrement des moutons et bêtes à cornes.

Il s'est déjà distingué par la suppression des jachères, la culture des prairies articifielles, un bon système d'assolement et l'introduction de divers moyens d'engrais peu pratiqués dans le reste du département et inconnus sur les lieux où il procède. La chaux naturelle ou caléinée l'a heureusement servi pour rendre à du terrain, peu arrosé par l'eau de source. La force de végétation que leur refusaient la température et la nature du sol.

Il a fait choix d'un berger qu'il dirige sans cesse pour soigner et perfectionner un troupeau de moutons qui trouve déjà dans une terre, autrefois inhospitalière, tous les aliments de sa prospérité. Le désir de se créer une propriété à laquelle il consacre tous ses soins et de profondes études, l'a déterminé à y faire bâtir une maison où il habite presque totue l'année.

L'étendue des terres qu'il exploite, d'après un système dont tous les agronomes du pays reconnaissent l'utilité et prévoient déjà des résultats, consiste en une vaste pelouse assise sur le penchant de diverses collines et contenant de 80 à 90 hectares de superficie. C'est un terrain composé de jachères et de paccages dont la valeur est relative aux genres d'exploitation qu'on peut y introduire. Son éloignement des villages ou fermes circonvoisines a contrinué à rendre ses produits nuls jusqu'à l'époque où M. de Montlozier y a fait des entreprises. Ce terrain était une dépendance des héritages de ses ancêtres dont il n'a pas conservé, après la Révolution, que les bois qui avoisinnent la nouvelle exploitation." (Dalle, 2004)

Autres planches en lien avec la thématique

Pour des compléments sur le système agropastoral des Dômes, voir planches 35 et 37

Présentation de la candidature du comte de Montlozier pour la composition du conseil d'agriculture (1819)

Delécluze a été sensible à la disposition théatrale des différents volcans, bien caractéristiques car munis de cratères évidents. Dans la gravure précédente il soulignait déjà leur disposition en « enceinte ». Il dessine également les coulées de lave issues des puys de la Vache et Lassolas. Leur émission simultanée et leur confluence en une seule cheire en direction d’Aydat était déjà parfaitement comprise à l’époque

- Dalle Corinne, 2004. Le monde agricole dans le Puy-de-Dôme XVIIIe-milieu XXe siècle, Archives départementales du Puy-de-Dôme (M777), p. 45

- Dalle Corinne, Le monde agricole dans le Puy-de-Dôme XVIIIe-milieu XXe siècle, Archives départementales du Puy-de-Dôme, 2004, p. 45

- Manry André-Georges (dir.), Histoire des communes du Puy-de-Dôme. Généralités. Arrondissement de Clermont-Ferrand, Roanne, éditions Horvath, 1987, p. 371

- Montlosier, F.-D. de Reynaud de (1802). Essai sur la théorie des volcans d’Auvergne. Landriot édit., Riom (2e édit., publiée sans le consentement de l’auteur), 134 p.

- Rouzière, F-D. de la, 2003, «Le comte de Montlozier, une vision originale des volcans d'Auvergne à la fin du XVIII° siècle », Travaux du comité français d'histoire de la géologie, 3° série, t. XVII. http://www.annales.org/archives/cofrhigeo.html