37. Le puy écorché - Volcan éteint
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Le puy Chopine, ainsi nommé à cause de sa couleur lie de vin, appelé aussi écorché à cause de ses Figures et des bandes de végétation qui se dessinent en long sur ses flancs, s’élève au milieu d’un immense cratère dont on peut facilement saisir les deux segments. L’un qui se présente le premier à l’œil est convexe du côté du spectateur, et concave du côté du Puy. L’autre vu dans le lointain et au delà du Puy, affecte une forme semblable, mais dans un ordre inverse. Il suit de cette disposition que le Puy Chopine est placé comme un énorme piton entre deux Montagnes en croissant dont les cornes vont en s’abaissant. Une Vallée circulaire, règne dans l’Intérieur de ce système singulier de Montagnes et d’un côté est une flaque d’Eau pure, tandis que vers la base nord du Puy Chopine, on trouve une Source d’Eau vive, circonstance particulière à cette Montagne entre toutes celles qui composent la chaîne des Monts Dôme.
La disposition de cette montagne a de l’analogie avec celle de Vulcano aux Isles de Lipari dont Dolomieu a donné la description (Voyage aux Isles Lipari, Page 20).
Le personnage représenté sur le devant est un Berger qui rôde pour épouvanter les loups. Il est armé d’un maillet de bois fixé à un long manche, selon l’usage du Pays.
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Cette image est prise à contresens de la précédente, en remontant un peu le chemin qui passe entre le puy des Gouttes et le puy de Chaumont. Delécluze a bien saisi le contraste entre l’aiguille raide du Puy Chopine très disséquée (« écorchée ») par l’érosion et le demi cône en croissant à pente très régulière du puy des Gouttes. Sur ce dernier, il a également parfaitement dessiné la trace des barrancos, petits ravins secs rayonnants creusés par les écoulements pyroclastiques au moment de l’éruption du Puy Chopine, il y a 9600 ans. Celle-ci avait, dans un premier temps, détruit l’autre moitié du puy des Gouttes et pris sa place.
La description de Dolomieu à laquelle Delécluze fait référence est celle du cône récent de Vulcano, appelé cône de La Fossa. Il est installé dans la caldeira della Fossa. Celle-ci est ouverte sur la mer, vers le Nord-Est. La disposition rappelle exactement celle du Puy Chopine encerclé par les restes du cône du Puy des Gouttes. Toutefois les dimensions ne sont pas comparables, le système volcanique italien fait le double des dimensions du couple Goutte-Chopine. Ceci s’explique par des mécanismes éruptifs différents : le Vulcano est un strato-volcan qui a connu de multiples éruptions et des effondrements de caldera. Au contraire, le puy des Goutte et le Chopine sont des volcans monogéniques (nés d’une seule éruption) indépendants.
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Vue 3D située approximativement à l’emplacement choisi par l’artiste.
Calculée à partir du LidArchéo 2016 CRAIG. Aujourd’hui la forêt à tout envahie. Chopine5.png
Vue aérienne actuelle du site (Boivin et al, 2017). D, position présumée de Delécluze, sur le chemin actuellement dans la forêt. IMG_7486 Chopine et Delécluze.jpg
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Sur quatre plans, Delécluze offre encore une vision très simplifiée des volumes composant la chaîne des Puys : au premier plan, une ligne de buissons dont un personnage marque le centre ; au second plan se situe l’un des morceaux du cratère, au centre duquel s’élève le puy proprement dit, auxquelles les bandes de végétation de couleurs différentes ont donné le nom « d’écorché » et qui occupe le troisième plan. Enfin le quatrième plan, plus clair, est occupé par le second morceau de cratère, le tout sans aucun ornement. L’artiste fait œuvre d’ethnologue en mentionnant le maillet fixé à un long manche tenu par le paysan : ce dispositif est, rapporte-t-il, destiné « à épouvanter les loups ».
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La présence de ce berger, permet de rappeler que le système agropastoral des Dômes associait élevage ovin et culture des céréales (seigle, blé, avoine). Durant la belle saison, le parcage nocturne des troupeaux sur les jachères permettait d’assurer la reproduction de la fertilité des terres cultivées.
Cependant l'élevage reste, au moment du Voyage de Delécluze, nécessaire (pour la fertilisation des terres) mais secondaire (pour l'économie). Yves Michelin (1991) soulignait en effet pour 1822 « la rareté des prés de fauche (14 % de la SAU), qui assurent l'alimentation hivernale des animaux, ce qui prouve qu'à cette époque l'élevage ne devait pas dominer ». Les ovins trouvaient surtout à se nourrir en périphérie du finage sur les landes et parcours, pâturées de façon extensive, qui couvraient par exemple 55,6 % de la commune de Ceyssat en 1822 (Michelin, 1991)
Bien que secondaires, les produits laitiers, surtout sous la forme de fromage saint-nectaire, faisaient toutefois partie des productions agricoles des Dômes (Bazin, 1980, p.68).
Le berger porte ici une grande cape descendant jusqu'aux chevilles que l'on appellait« coubarte »(« saïle » dans le Cantal) et qui était également utilisée par les voyageurs l'hiver (Lauras-Pourrat, 1989, p. 96-97). Il est coiffé d'un chapeau à larges bords que l'on retrouve souvent dans les dessins de Delécluze représentant des paysans.
Autres planches en lien avec la thématique
Sur le système agraire des Dômes au moment du voyage de Delécluze et les expériences du Comte de Montlosier voir également le commentaire des planches 11 et 35.