Analyse
39. Revers de la Chaîne des monts Dome près du château …

En conclusion de son commentaire, le peintre écrit : « Cet aspect est un de ceux qui caractérise le mieux la nature du Département du Puy de Dôme », et en effet, le spectateur d’aujourd’hui retrouve avec bonheur les silhouettes des monts Dôme qui lui sont familières, formant le troisième plan qui se découpe sur un ciel légèrement nuageux. Par contre, au second plan, le château de Pontgibaud a évolué au cours du XIXe siècle, et Delécluze nous le montre avant les travaux d’agrandissement des parties habitables et « d’embellissement » qui eurent lieu vers 1890. Si le cours de la Sioule n’est pas visible, la route de Clermont à gauche trace le lien entre les deuxième et troisième plans.

Delécluze a été sensible au contraste entre le Plateau des Dômes (« la plaine »), surface d’érosion du socle granitique varisque, et les reliefs variés et pittoresques des volcans alignés posés dessus de la Chaîne des Puys. Il énumère Lichardière (Louchadière), les Sumes (Jumes et Coquille), le Puy Chopine ou écorché, le petit et le Sarcony (Sarcoui), Chérzon (Les Goules ?) et enfin Parion (Pariou), et la base du Puy de Côme. Une fois encore les orthographes sont fluctuantes.

Il a particulièrement souligné l’inondation du plateau par la coulée du Puy de Côme qui arrive jusqu’au village de Pontgibaud. Sa branche la plus en avant est la cheire de Pontgibaud. Plus loin, après un espace de prairie, se trouve la portion principale de la cheire de Côme. L’artiste s’est attaché à rendre la surface chaotique et stérile de cette coulée, trait qu’il considère plus largement comme caractéristique de la région.

Ce paysage est l’un de ceux qui a été identifié comme porte d’entrée sur la Chaîne des Puys dans le cadre de son inscription au patrimoine mondial UNESCO le 2 juillet 2018.

Cette vue illustre le passage de la chaîne des Puys aux plateaux de Combrailles. Terre de marche, partagée entre l’Auvergne et le Bourbonnais, la Combraille apparaît comme un simple prolongement vers l’Est des plateaux limousins. Peu accusés, les ondulations de ses croupes cristallines (qui culminent au sud à 900 m d’altitude), dominées par quelques filons de quartz et les vestiges de très anciens appareils éruptifs, ne retiennent guère le regard. Dans cette région de polyculture à l’habitat dispersé, nous ne sommes plus dans la vraie montagne auvergnate. Seules les grandes vallées du Chavanon au sud-ouest, du Sioulet et surtout de la Sioule, qui, dans son cours médian, s’encaisse dans les plateaux granitiques en une véritable gorge, viennent interrompre des horizons bien monotones.