101. Route et entrée de St Flour. Basaltes en colonnes régulières, produits volcaniques
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Titre carnet
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Les colonnes qui composent cette rampe sont tout à fait adhérentes, les plus régulières (à droite), sont celles qui se perdent dans la pente douce qui mène à la promenade et à l’entrée de la ville. Ces piliers naturels sont recouverts d’un entablement informe et bizarre. Quoique la figure du dessous et du dessus de cette Roche soit si différente. Il est remarquable que la nature de leur matière est identiquement la même. Quelqu’extraordinaire que puisse paraître cette disposition ; elle n’est point unique en Auvergne et on l’a retrouve sur des roches analogues fort éloignées de ce pays, telle qu’à l’Ile de Staffa, à la grotte de Fingal.
La rapidité de la montagne a forcé les Ingénieurs d’établir la route en spirale. Les voitures qui sont placées ici à différentes distances peuvent servir à faire reconnaître les différentes directions.
Commune(s)
Type d'analyse
Auteur
Cette vue de la rampe à l’entrée de St Flour témoigne de la notoriété naissante de ce site. En effet, les « orgues de St Flour » sont devenues tout au long du XIXe siècle une attraction touristique pittoresque incontournable.
Le dessin de Delécluze illustre la structuration interne d’une coulée de basalte épaisse car mise en place dans une ancienne vallée (cf commentaire de la planche 99). Ces deux niveaux, la colonnade de base surmontée de l’entablement de faux prismes, sont les plus généralement conservés et se rencontrent en grand nombre aussi bien en Auvergne qu’ailleurs dans le Monde comme le rappelle l’artiste. Lorsque la coupe est complète, ces deux niveaux sont couronnés d’un niveau de prismes grossiers (la fausse colonnade) recouvert de la brèche de la surface de la coulée. Cette structuration s’explique d’abord par des conditions de refroidissement différentes entre la base et le sommet de la coulée. Au contact avec le substratum, le magma refroidit très lentement par diffusion de la chaleur dans les roches sur lesquelles il repose. Les prismes qui sont le résultat de la rétraction thermique du basalte sont très réguliers, bien développés et leur axe est perpendiculaire aux isothermes, donc à la paléo surface. Cela n’empêche pas quelques irrégularités locales comme celle représentée avec justesse par l’artiste derrière l’attelage de bœufs. Au contraire la partie haute est soumise aux venues d’eau (pluie, inondations) qui s’infiltrent plus ou moins profondément dans la coulée par des fentes d’orientations variables et la refroidissent énergiquement. Les prismes se forment alors très vite, sont minces et, perpendiculaires à des fentes orientées en tous sens, semblent dans un grand désordre (Boivin, 2017). Les petits prismes de l’entablement de la coupe de Saint-Flour ne sont pas très visibles, ce sont surtout les plans des fractures qui le débitent qui ressortent et que Delécluze a bien traduit. Cette originalité a pour conséquence, encore aujourd’hui, de générer des effondrements récurrents de gros blocs dont l’un d’eux, bien dessiné, recouvre une bonne partie de la route.
Type d'analyse
Auteur
Lorsque Delécluze réalise ce dessin, la coulée volcanique constituant les orgues ne présentait aucune végétation. Aujourd’hui, ce paysage atypique est toujours visible. En effet, le pied de la coulée n’a été que peu colonisé par les ligneux (arbres & arbustes) et les orgues sont donc toujours visibles plus de 180 ans après le passage de Délécluze. Seul le sommet de la coulée a été notablement investi par différentes espèces de feuillus.
Type d'analyse
Auteur
De nombreuses cartes postales anciennes portent sur le même sujet que cette planche de Delécluze.
Sébastien Larrue
Portion de la coupe actuelle des « orgues » de Saint-Flour montrant parfaitement la colonnade régulière et l’entablement de faux prismes se débitant en blocs cyclopéens avec éboulements. Cette section de 250 m de long est facile d’accès et bien exposé. Son prolongement, qui borde la route à l’entrée de la vieille ville, est davantage dissimulé par les arbres décoratifs.
Type d'analyse
Auteur
Delécluze a animé son dessin par la représentation de plusieurs activités humaines pour, notamment « servir à faire reconnaître les différentes directions » de la route en lacets explique-t-il en fin de la notice de son carnet.
Au premier plan, de dos, une femme portant une robe longue, des sabots et un curieux chapeau, file de la laine ou du chanvre au moyen d'une quenouille (la matière textile brute constitue l'amas à l'extrémité de la tige).
Suivent trois attelages. Les deux premiers sont des tombereaux, charrettes entourées de planches que l'on décharge en les basculant vers l'arrière (trébucher) que l'on nommait aussi « barot » ou « barcelle » (Breuillé et al., 2000). Le premier est un tombereau à deux roues (très hautes) tandis que le suivant en possède quatre. En utilisant la loupe on observe que ses deux roues avant sont plus petites que celles de l'arrière. Ces tombereaux à quatre roues, fréquents dans la montagne volcanique, présentaient l'avantage d'une plus grande stabilité et d'une contenance supérieure à ceux possédant seulement deux roues (Breuillé et al., 2000). Tous deux sont tirés par deux bovins, à cette époque plus probablement des vaches que des b?ufs, reliés par un joug dont on observe bien la forme et la position sur le premier attelage. Il s'agit d'un joug de corne (qui s'est diffusé à partir du XIe siècle), composé d'une barre transversale positionnée ici derrière les cornes des animaux (Jean-Brunhes Delamarre, 1955).
Une autre scène avec un tombereau est illustrée sur la planche 35
En bas à droite, on distingue une diligence, tirée par des chevaux attelés en file.